Les abus dans le sport sont de diverses natures. Abus de sustances illégales, abus de pouvoir, abus de charge d’entraînement, etc. Ici, on va parler des abus sexuels.
On a tous en tête la caricature du séduisant prof de tennis qui enlace sa ravissante élève pour lui apprendre le revers…
Le contact physique est présent et normal dans le sport. Le coach devra à certains moments, guider le mouvement de son élève afin de lui faire enregistrer le mouvement juste. Il devra parfois lui-même créer le mouvement chez son élève pour le lui faire apprendre. En ce sens, l’exemple de la belle apprenant le revers au tennis, n’a rien d’anormal en soit, si le prof ne s’éternise pas dans cette position en humant le doux parfum de la jolie sportive!
La différence dans ce geste se situera au niveau de L’INTENTION. L’élève est-il touché dans un noble but d’apprentissage ou dans le but moins noble de chercher un rapprochement physique?
En natation, toucher le ventre pour mettre le corps bien à l’horizontal est courant. L’élève doit pouvoir sentir la différence pour pouvoir la reproduire. Les exemples de la nécessité du contact physique sont nombreux!
Ce qui doit mettre sur la voie d’un abus, est le malaise ressenti par l’élève. En effet, on peut par exemple lors d’une parade (le fait d’assurer) en gymnastique avoir mis les deux mains sur la poitrine d’une élève afin de lui assurer une bonne récéption au sol sans que cela ne pose problème d’aucune sorte: chacun des deux protagonistes (maître et élève) sait que c’était un geste nécessaire pour éviter l’accident. L’entraîneur s’excuse brièvement (parfois même aussi l’élève)et tous deux passent à autre chose. S’il sent l’élève perturbé, il ira discuter avec l’élève en évitant tout geste ambig༠et n’hésitera pas à en parler aux parents afin qu’ils puissent reprendre la situation avec leur enfant. Il n’a rien a cacher. Son geste était clair.
Les mains posées au même endroit dans une intention de toucher précisément provoquera un tout autre sentiment!Et c’est de ce sentiment qu’il faut partir pour identifier un abus. S’il y a un malaise, c’est que les choses ne sont pas claires, alors qu’elles doivent l’être.
Dans cette lignée, une “tape” sur l’épaule (et dans certains sports c’est sur les fesses) est courante dans les milieux sportifs. Elle a plusieurs significations, elle peut être signe d’encouragement, de félicitations, d’appartenance ou être un simple salut. Et pourtant cette même “tape”, si elle a un côté pervers produira quasi immédiatement un certain malaise. Immanquablement.
C’est bizarre. C’est dérangeant. C’est pas net. C’est un peu déroutant et c’est gênant. Voilà ce qu’est un abus pour un enfant. Et si votre enfant a le courage de vous en parler, alors il faut l’écouter attentivement et le croire. Il faut garder sa confiance, c’est primordial et ce n’est que la première étape!
Mais comment savoir? Comment être sûr? Car qui dit “sport” dit généralement “contact”, comme nous l’avons vu.
Une fois les confidences faites, il va falloir agir. Mais pas n’importe comment! Les abus ou les soupçons d’abus sont des situations très délicates. Elles nécessitent du tact au risque de blesser encore plus l’abusé ou d’accuser quelqu’un à tort. Face à ce problème, l’association MIRAs’est crée. Contacter des professionnels avant d’agir est certainement la meilleure chose à faire. Bien sûr je ne parle pas d’une situation dans laquelle on serait témoin d’un abus avéré. Là , il y a urgence et notre bon sens sera notre meilleur allié. Nous nous devons de protéger l’abusé!
Le milieu du sport et des loisirs offre sur le sujet des abus sexuels tout un tas d’interrogations. Un adulte rentre dans les vestiaires en ayant clairement avertit de sa venue pour faire la discipline n’est pas la même chose qu’un adulte qui rentre dans les vestiaires sans avertir et dire une banalité qui pouvait attendre la sortie des vestiaires…. Et pourtant dans les deux cas un adulte rentre dans les vestiaires.
Prendre un enfant dans ses bras pour le consoler ou prendre un enfant dans ses bras avec une arrière pensée malsaine… pour un même geste, une immense différence!
Ceci mérite réflexion, tant de la part des personnes qui encadrent des enfants que de la part des parents qui leur confient leurs enfants. En tant que parents il est nécessaire de connaître un peu le sport que pratique votre enfant, cela vous permettra de savoir si les gestes des entraîneurs sont adéquats ou pas. De même que d’assister à quelques entraînements dans l’année vous aidera à vous faire une idée sur ce que vit votre enfant pendant son temps de loisir et nourrira vos liens.
Et pour ne pas voir le mal partout ou d’ être d’une naà¯veté excessive, il convient de s’informer et d’informer. Hé oui. l’information, encore l’information 😉
Bonjour Eve,
Les gestes déplacés lors de sport sont aussi à constater du côté des parents. Père qui accompagne sa fille, en début de puberté, sous la douche; attouchement lors du séchage, etc. Il est encore plus délicat d’intervenir dans ce type de situation. L’enfant ne comprend pas et le père ne veut pas comprendre.
Mes enfants ont été des bébés nageurs. Quand j’étais dans le vestiaire, je parlais à haute voix à mon enfant, fille ou garçon. Chaque geste était également parlé "viens je vais te sécher", "attention je vais te mettre ton pampers" etc. J’évitais également de fermer la porte du vestiaire, mais protégeais mon enfant du regard des autres. Nous étions à l’époque de affaire "Dutroux" et les parents s’observaient. Je me rassurais, et évitais ainsi la suspicion des autres parents. Drôle d’époque, une prise de conscience que le mal pouvait venir des proches
Bonjour Christian,
Merci pour votre partage d’expérience.
Le sujet des abus est vaste et peut être un peu "borderline". Il y a l’abus clairement identifié et l’abus beaucoup plus sournois, tel ce père qui irait à la douche avec sa fille pré-pubère, pour son propre plaisir. C’est pour cela que j’insistais sur le fait du malaise ressenti, dans une situation d’abus. Ce malaise ne trompe pas, il peut être très léger, on peut douter, mais il interpelle. C’est comme si une petite lumière d’alerte s’allumait pour nous signaler un bug.
On peut effectivement être amené en tant qu’adulte, à devoir se changer avec des enfants. Nous trouverons (et vous nous en donnez un exemple), c’est certain, la manière de le faire sans qu’il y ait le moindre quiproquo, nous serions sensibles à la gêne que la situation pourrait provoquer chez certains. Ni on attendrait assis sur le banc, à regarder les enfants se déshabiller, ni on se dévêtirait devant eux l’air de rien.
Et le gros problème reste, comme vous le disiez, les abus commis par des proches-qui représentent je crois, la grande majorité. L’enfant est plongé dans une grande confusion de sentiment par rapport à cette personne sensée le protéger, en qui il a confiance. D’ailleurs, le mot de pervers associé aux abuseurs est très aproprié. C’est en effet pervers, tordu. Et on en revient à l’intention. Ce langage non-verbal qu’est le langage du corps révèle nos intentions. Intention claire= langage (verbal et/ou non-verbal) clair.