Les enfants ont repris l’école et certains demandent à aller seul à l’école. Comme je les comprends! Ce bout de chemin entre la maison et l’école a sa propre vie. L’enfant y vit sa propre histoire, seul, sans adultes.
Personne pour lui rappeler de ne pas traîner les pieds par terre, personne pour lui dire de se dépêcher. Un précieux moment de liberté, d’indépendance, d’autonomie.
Ce moment où l’enfant demande à aller seul se prépare quelques années avant. Lorsqu’on l’accompagne à l’école ou sur n’importe quel trajet, on ne manquera pas de commenter nos actions et celles des autres usagers de la route. Pas besoin d’être un moulin à paroles non plus. Par exemple, faire remarquer la faute d’un automobiliste pourra lui faire comprendre que même s’il regarde avant de traverser ça n’empêche pas le conducteur d’être distrait et de ne même pas voir le piéton qui attend au bord de la route.
A pied l’enfant sera sur le trottoir, on lui aura appris à ne pas jouer à l’équilibriste sur le bord du trottoir et à déjouer certains “pièges à piétons”, telle une sortie de parking. On lui apprendra qu’il faut s’arrêter et regarder comme s’il s’agissait de traverser une route. Parfois, on le laissera prendre la direction des opérations lors des trajets connus ou inconnus afin de s’assurer qu’il fait ce qu’il faut pour sa sécurité.
En trottinette, il sera aussi sur le trottoir (normalement), il faut cependant lui apprendre à respecter les piétons et ça pour certains c’est tout un travail… Les piétons ne sont pas des obstacles à éviter à la dernière minute, non, non, non, on anticipe, on ralenti au besoin, on fait poliment savoir qu’on est là . Le port du casque en trottinette est laissé au libre arbitre des parents, mais en habituant l’enfant à porter un casque pour faire quelque chose où il peut prendre de la vitesse est un atout pour la suite.
A vélo, il aura un casque (en général il l’accepte plus facilement que pour la trottinette), et on n’hésitera pas à lui faire faire des exercices spécifiques d’agilité sur son vélo: A l’abri du trafic, dans un endroit protégé, on lui fera faire des slaloms entre des cônes, des 8, sans poser le pied à terre. En général ils sont assez doués pour slalomer, alors on s’assurera qu’il sait aussi aller bien droit en lui faisant suivre une ligne. Des petits exercices de freinages précis, soudain, inattendus. Ensuite il devra être capable de tourner la tête pour regarder derrière sans dévier de sa trajectoire. Pour vous assurer qu’il a vu ce qu’il y avait derrière, vous pouvez vous tenir derrière lui et lui montrer un chiffre avec les doigts, chiffre qu’il devra être capable de vous redire. Ou lui faire une grimace qu’il devra reproduire (c’est peut-être plus marrant). Ensuite, quand il aura acquis ces compétences, vous lui apprendrez à se retourner et à lâcher une main pour tendre le bras et indiquer son changement de direction (à entraîner à gauche et à droite). Tant que cette manÅ“uvre n’est pas maîtrisée, il n’est pas question de le laisser aller seul dans le trafic. Un enfant qui se retourne et qui zigzague met sa vie en danger. Assurez-vous aussi qu’il puisse facilement poser les pieds au sol lorsqu’il est sur son vélo. Un vélo trop grand c’est rigolo, mais pas au milieu de la circulation!
Comme pour les trajets à pied, laissez le prendre la direction des opérations sur la route et voyez comment il gère ça. D’abord sur des petites routes, puis, en fonction de son âge bien sûr, sur des axes plus importants. Perso, je profiterai du dimanche matin pour faire les premières sorties sur route. 😉
Il va sans dire que le vélo sera contrôlé régulièrement: état des freins, pneus correctement gonflés, lumières en état de marche. Vérifier aussi son chargement 😉 : des sacs mal mis ou des lanières qui pendent sont dangereux (risque de chute, de blocage de roue)!
Si vous trouvez votre enfant trop jeune pour faire le chemin tout seul, essayez de trouver des solutions pour le faire patienter, comme par exemple, marcher 10 mètres derrière ou devant vous, ou encore faire un bout de chemin avec lui et le laisser continuer seul lorsqu’il n’y a plus de danger. Mais ça peut être aussi l’occasion de partager avec lui un moment privilégié, un moment hors temps, un moment de jeu, de complicité. Essayez d’autres chemins, peut-être plus longs, mais plus agréables. Bref, soyez créatifs et profitez de ce moment sans devoirs, sans obligations pour redevenir vous aussi un enfant.
Trouver un juste milieu entre ses compétences et vos craintes. L’aider à acquérir de nouvelles compétences en circulant sur la route avec lui, c’est tout aussi important que de lui faire apprendre ses livrets. Refuser qu’il parte à vélo un matin d’hiver alors qu’il fait nuit et qu’il n’a pas de lumière c’est normal. Prenez le temps de réfléchir, de vous préparer et de le préparer. La sérénité n’a pas de prix 🙂