Quoi de plus agréable que le bisous d’un enfant? Souvent tendre et fondant avec des yeux grands ouverts, il est craquant ce bisous! Comme dans tout ce qu’il fait, le bambin donne son bisous à  100%. Il est le bisous!

Alors on comprend que ces bisous là  sont précieux, ils valent de l’or. Mais est-ce une raison pour obliger un enfant à  donner un bisous?

L’encre coule régulièrement sur le sujet: “mon enfant ne veut pas m’embrasser”, “ma petite fille n’a pas voulu m’embrasser”, “mon enfant n’aime pas les bisous”, et depuis quelques années, on voit se profiler une injonction allant dans le sens qu’il ne faut pas forcer un enfant à  embrasser quelqu’un, sous peine de le mettre à  la merci des abuseurs.

Au départ, un bisous est une marque d’affection. Sous nos latitudes, il est devenu un salut entre personnes qui se connaissent parfois très bien, mais aussi parfois à  peine. Voire même pas du tout. Des bambins qui ressentent quelque chose de particulier pour l’autre auront spontanément envie de l’embrasser. Parfois il arrive aussi que l’enfant ait des sentiments très fort pour un de ses congénères, il aura, là  aussi, envie de l’embrasser, mais malheureusement souvent les adultes feront un amalgame déplacé de ces gestes de tendresse enfantine, et mettront les enfants dans la confusion de leurs intentions. Mais là , je m’égare du sujet… J’y reviendrai certainement ultérieurement. A suivre.

On respectera un enfant d’un an qui tourne la tête pour ne pas recevoir de bisous, on fera du chantage à  celui de trois ans, et on s’offusquera du refus clair de celui de 10 ans? C’est n’importe quoi! C’est n’importe quoi? Oui et non. Ce qui est acceptable à  3 ans, ne l’est plus à  12 ans. Chaque société à  ses codes, chaque famille a ses codes, chaque individu aussi a ses codes… A partir de là , difficile de poser des règles absolues, si ce ne sont celles du respect et de la politesse. Et c’est justement là  où le bât blesse. Un enfant qui refuse de donner un bisou peut être ressenti par ses grands-parents comme irrespectueux, mais à  l’inverse aussi, un enfant que l’on force à  donner un bisou peut se sentir “irrespecté”. Pour faire plaisir, pour se sentir aimé, il fera peut-être ce bisou. Mais ce bisous lui coûtera cher, il lui enlèvera une partie de sa confiance en son ressenti, de sa confiance en lui. Une fois de plus, il est important de verbaliser, de mettre des mots sur le vécu de chacun, sur l’intention de chacun. Ce procédé, j’espère que vous l’aurez compris, ne consiste pas à  dire “oh de toute façon, lui, il n’aime personne, il n’aime pas les bisous” pas plus que “de toute façon Grand-Maman se vexe dès qu’on ne l’embrasse pas”. Non! Verbaliser, dans cet exemple, c’est prendre note avec bienveillance que chacun fonctionne différemment et dont le but ultime est de trouver un compromis satisfaisant pour tous. En général, si les relations sont saines, les choses se passent naturellement, simplement et chacun dis bonjour comme il l’entend, et basta. On n’en fait pas tout un plat, ni tout un fromage! Heureusement 😉

Il y a tant d’autres manières d’exprimer son affection, son attention à  l’autre, sa reconnaissance! Par exemple, un bisous soufflé, une accolade, un regard, une parole, une poignée de main bienveillante, un dessin, un petit mot, un sourire même. Et en proposant ces diverses possibilités à  l’enfant, on lui offre une large palette de manières de se respecter tout en respectant l’autre.

On en arrive à  la situation souvent utilisée pour démontrer que, si on force un enfant à  embrasser un inconnu, l’enfant va être une proie plus facile pour un abuseur: cette situation est celle d’un membre de la famille qui arrive chez vous ou que vous croisez dans la rue(en général un oncle ou un cousin éloigné) et que l’enfant ne connait pas. Non mais?! Y en a vraiment qui prennent les enfants pour des nouilles! Et/ou des objets!:-(

Cet exemple révèle plusieurs paramètres, plusieurs nuances:

– L’exemple que donne le parent: Le parent, est-il a l’aise dans ses refus? A l’aise dans ses acceptations? L’enfant est un grand imitateur, il perçoit bien plus loin que les mots… ne l’oublions pas. Et l’imitation est la base de son apprentissage… Donc, ouvrons l’oeil sur nous-même, sur notre manière de fonctionner 😉

– Qu’est ce qu’un inconnu?

Franchement, est ce que vous-même vous vous comportez de la même manière face à  un inconnu (un représentant faisant du porte à  porte, p.ex.) et un oncle, même si vous ne l’avez pas revu depuis 20 ans?

– S’il est de la famille proche, ce lien est-il une garant d’un comportement adéquat alors que l’on sait que la plupart des abus ont lieu par des proches….?

– Est ce que la grand-mère qui s’offusque ouvertement du refus de son petit-fils est plus dangereuse que celui qui fait semblant d’être ok et qui prendra l’enfant seul, à  part, pour lui faire du chantage?

Sans vouloir peindre le diable sur la muraille, l’abuseur est sournois, manipulateur. Forcément! Les plus pervers arrivent à  berner un collège de professionnels des troubles mentaux! C’est peu dire!

Alors quoi? Faut-il être fataliste? Défaitiste? Pessimiste? Voir dans son prochain un ennemi probable, un ennemi potentiel? Je ne le pense pas. Pas du tout. Et même au contraire. Toute situation peu claire nous envoie un signal. Ce signal est d’ordre corporel. On sent que quelque chose ne tourne pas rond. Quelque chose dérange. Malheureusement, très vite, les pensées prennent le dessus et nous coupent de cette INFORMATION CORPORELLE EXTRÊMEMENT FIABLE. C’est un décodage de chaque instant, dont les parasites sont bien souvent l’éducation et les conventions… mais en mettant des mots clairs sur les situations, on aide l’enfant à  rester contact avec son ressenti corporel tout en étant en accord avec ce qui est attendu de lui.

Combien de fois me suis-je retrouvée dans la situation d’un enfant qui n’a pas prononcé “bonjour” avec la bouche? Beaucoup de fois. Presque  chaque fois, le bonjour oral était remplacé par un regard, (pas le regard “je t’ai vu mais je t’ignore” non, non, le regard “je t’ai vu et je te dis bonjour avec les yeux”). Moi ça me va! S’il a le regard “je t’ai vu mais je t’ignore”, je lui dis simplement et sans reproches “bonjour toi, comment vas-tu?” Ou autre, mais je lui signale que nous nous sommes croisés et que l’on ne peut pas faire semblant de ne pas s’être vu.

VERBALISER. METTRE EN MOT LA SITUATION. ENCORE ET ENCORE… 🙂

La plupart du temps, lorsque le parent dit à  son enfant “dis bonjour!” je peux signaler au parent et donc aussi à  l’enfant, qu’il m’a déjà  dit bonjour. Soit avec la main, soit avec les yeux, ou que son sourire a  remplacé les mots. Et voilà  le parent un peu gêné, mais soulagé. 🙂 Et l’enfant souvent reconnaissant. Parce que c’est pénible quand on est un enfant d’entendre régulièrement “Dis bonjour!”, “T’as dit bonjour?” Surtout quand on est timide et que les sons sortent à  peine, ce n’est pas avec ce genre de brusquerie que le timide va plus oser.

Un autre aspect aussi est celui de l’hygiène.

Certains sont tellement avides de cette friandise qu’est le bisous d’un enfant qu’ils n’hésitent pas à  en demander un (quelque soit la manière et leur état de santé) alors qu’ils sont malades et contagieux ou qu’ils ont un herpès aux lèvres… 🙁 Dans ce cas, n’hésitez pas à  vous interposer. Ayez le courage de refuser à  la place de votre enfant si celui-ci était enclin à  le faire.
Comme quoi, autant on peut être enclin à  facilement embrasser ou être embrasser, autant ce n’est pas une raison pour attraper ou filer une gastro, la grippe ou de l’herpès!

BONNE NOUVELLE! TOUT CELA S’APPREND!

Finalement une question pas si simple, qui oblige à  se poser plein de questions. Questions qui obligent à  réfléchir sur la question fondamentale: Qu’est ce que je veux que mon enfant apprenne? Qu’est ce que je veux lui transmettre, ou pas ?

Cet apprentissage dure parfois toute une vie, il passe par celui de la confiance en soi, du respect de soi et des autres, de l’écoute de soi, de l’écoute de l’autre.

Pour vous aider sur ce chemin de la protection, nous avons recensé quelques livres, vous les trouverez en cliquant sur ce lien.

Et pour que le message soit intégré, on peut, c’est bien connu, le faire passer en chanson. Sur des airs connus, les paroles ont été modifiées afin que les enfants retiennent ces précieux conseils. En avant la musique!

Bisous 😉 et à  bientôt!